Un puits dans la nuit
par Antoine Daoudal
La poésie d’Antoine Daoudal s’inscrit dans une tradition exigeante, charnelle et profondément contemporaine. Elle avance par images fortes, souvent minérales ou météorologiques — la pluie, le vent, les champs, la nuit, les bâtiments, la terre — comme si le monde physique était le véritable lexique à partir duquel penser l’humain.
Ses poèmes ne cherchent jamais l’ornement gratuit : ils travaillent la langue dans sa densité, sa rugosité et son souffle. Le vers est ample, parfois narratif, parfois heurté, mais toujours traversé par une tension intérieure : celle d’un corps qui tente de tenir debout dans un monde instable.
On retrouve chez lui une attention constante portée aux figures modestes ou marginales : un esquif fatigué, une rue noyée par la pluie, une maison face aux ouragans, une vieille voiture, un puits immobile. Ces figures deviennent des métaphores existentielles puissantes : tenir, attendre, recommencer, malgré l’usure, malgré la conscience aiguë de la finitude.
La poésie de Daoudal est une poésie de la résistance discrète, jamais héroïque, mais profondément humaine.
Son écriture dialogue aussi avec une inquiétude très actuelle : celle d’un monde épuisé, urbain, socialement et écologiquement fragile. Pourtant, elle ne verse ni dans le désespoir ni dans le cynisme. Il y a, au cœur même de la chute, une fidélité au vivant, une obstination à regarder, à nommer, à danser encore sous la pluie, à « recommencer ». Cette tension entre lucidité et persistance confère à ses poèmes une force rare aujourd’hui.



Antoine Daoudal est poète et professeur de lettres, basé dans la région des Pays de la Loire, en France.
Son écriture naît d’un double ancrage : une connaissance profonde de la langue et une expérience sensible du monde contemporain.
Lire Antoine Daoudal aujourd’hui, c’est accepter d’entrer dans une poésie qui ne rassure pas, mais accompagne. Une poésie qui regarde en face la fatigue des corps, l’effritement des paysages, la violence sourde des époques - sans jamais renoncer à la beauté ni à la dignité du vivant.
Ses poèmes donnent voix à celles et ceux qui tiennent encore, parfois à peine, et pourtant continuent de marcher, de danser, de rêver.
Dans un temps saturé de discours rapides et de certitudes fragiles, cette poésie nous rappelle que le langage peut encore être un lieu de profondeur, de lenteur et de vérité. Lire Antoine Daoudal, c’est retrouver une parole incarnée, exigeante, nécessaire.
Lire Antoine Daoudal aujourd’hui, c’est accepter d’entrer dans une poésie qui ne rassure pas, mais accompagne. Une poésie qui regarde en face la fatigue des corps, l’effritement des paysages, la violence sourde des époques - sans jamais renoncer à la beauté ni à la dignité du vivant.
Ses poèmes donnent voix à celles et ceux qui tiennent encore, parfois à peine, et pourtant continuent de marcher, de danser, de rêver.
Dans un temps saturé de discours rapides et de certitudes fragiles, cette poésie nous rappelle que le langage peut encore être un lieu de profondeur, de lenteur et de vérité. Lire Antoine Daoudal, c’est retrouver une parole incarnée, exigeante, nécessaire.






Les estampes originales de Guévørk Aivazian
(réalisées spécialement pour ce livre)Conçues comme un contrepoint visuel aux poèmes d’Antoine Daoudal, les estampes de Guévørk Aivazian ne cherchent ni l’illustration littérale ni la narration décorative. Elles travaillent, au contraire, dans un espace de résonance : un lieu silencieux où la matière, la trace et le vide prolongent la parole poétique.
Ces images, sobres et puissantes, semblent émerger d’un monde antérieur au langage. On y perçoit des formes fragmentaires — paysages intérieurs, silhouettes effacées, masses minérales ou végétales — comme si la réalité était saisie dans son état de fatigue, d’érosion ou de survivance. Les noirs profonds, les gris mouvants, parfois striés ou griffés, rappellent le travail du temps sur la terre, sur les corps, sur la mémoire.L’estampe, par sa nature même (pression, répétition, résistance du support), dialogue intimement avec la poésie de Daoudal :
– même économie de moyens,
– même tension entre présence et disparition,
– même refus du spectaculaire.
Certaines images évoquent la pluie, la nuit, le vent, la chute ou l’attente ; d’autres mettent en scène des structures instables, presque architecturales, comme des ruines mentales ou des abris précaires. Rien n’est jamais totalement défini : le regard du lecteur est invité à habiter ces zones incertaines, à ralentir et à accepter le trouble.
Ces estampes agissent comme des pauses respiratoires dans le livre. Elles ne commentent pas les poèmes : elles les prolongent autrement, par le silence, la matière et l’ombre. Elles offrent un espace où le lecteur peut déposer ce qu’il vient de lire, avant de reprendre le chemin du texte.
En réunissant poésie et estampe, ce livre devient un objet sensible, où mots et images avancent ensemble dans une même recherche : dire l’épuisement du monde sans renoncer à sa beauté, et tenir — malgré tout.



